Feuille blanche.
Qu'y a-t-il de plus beau que la page blanche, vierge, recevant peu à peu le
crayon ou le pinceau de l'artiste, les vers
du poète ou l'inspiration de l'écrivain ? Mais d'où viennent ces feuilles
? de l'arbre naturellement... lui aussi couvert de feuilles.
Feuille, source de vie. L'arbre
est habillé de feuilles vertes, petits laboratoires d'alchimiste, transformant
sous l'impulsion du soleil, l'eau et le carbone de l'air, l'épurant aussi. Les
sucres créés donnent la matière noble, naturelle, le bois. Il se dépose en un
cerne concentrique sous l'écorce, cette feuille de bois là, cylindrique, n'est
pas récupérable, ni pour le papier, ni pour les meubles ou les charpentes !
Grume "sur feuilles" |
Feuille-âge... de l'arbre. Ces
feuilles tombent à l'automne dans un éblouissement de couleurs, préparant
l'humus nourricier de la forêt. À
chaque saison l'arbre prend ainsi une feuille ; quel âge as-tu ? j'ai ma troisième feuille...
Feuille ou... billet à ordre ?
La forêt est un placement à terme, car la couche annuelle de bois qui a poussé
sous l'écorce ne peut à l'évidence être prélevée. En économie forestière la "feuille"
est l'accroissement annuel d'un arbre ou d'une parcelle, espoir d'une récolte
future, différée comme un billet à ordre... ou comme un plan d'épargne. Cette
"feuille" de l'année, augmentée des précédentes et de leurs intérêts
cumulés, sera alors récupérable, récoltable à terme, à la coupe programmée... Mais
ne jamais récolter plus que la possibilité annuelle, c'est la base du
développement "soutenable", labellisé PEFC ou FSC, pour faire le
papier ou le bois de France et du monde entier.
Vente sur feuilles. Arrive
le terme de sa vie et la cognée du bûcheron, l'arbre est mis à bas, et là,
"sur feuilles", celles de l'automne, lit où repose la grume, acheteur
et vendeur négocient à son pied comme les maquignons à la foire aux bestiaux.
Quand la vente ne se fait pas sur feuilles, elle se fait... plus souvent en
salle ou par écrit.
Feuilles de placage.
Les plus belles grumes de bois précieux sont tranchées ou déroulées, et
transformées en fines feuille de bois, les feuilles de placage. Ces dernières
n'ont cependant, rien à voir avec le papier, à l'exception de leur finesse
d'1/10ème de millimètre, idéale par leur légèreté pour le contreplaqué aviation.
Et retour à la feuille de papier.
Le bois provenant de ces "feuilles" de bois ou cernes, broyés, nous
livrent la pâte, donnant ainsi des milliers de feuilles de papier, base de
notre communication, de notre histoire et de notre art, bref de notre culture papier. Les
"bonnes feuilles" seront toujours conservées par le lecteur... et
pendant des siècles dans nos livres anciens.
Jean-Marie
Ballu avec un clin d'œil à l'Association "Culture Papier".