Comme président de l'AFEF, voici le communiqué que j'ai adressé dès le 12 sept. 2020.
Pourquoi le maire de Bordeaux veut-il
tuer notre traditionnel sapin, symbole du renouveau de la vie, en refusant
d’ériger ce qu’il qualifie sinistrement « d’arbre mort de Noël » ? Il
est pourtant un parfait symbole « vert » de l’éternité. L’arbre de
Noël est une tradition ancienne qui
apporte la joie et ne fait de mal à personne.
L’AFEF estime que s’en prendre à cet arbre symbole pour le tuer, est dérisoire.
Pourquoi le nouveau
maire de Bordeaux veut-il tuer le sapin de Noël ?
Contrastant avec une
nature dénudée, triste et en repos hivernal, depuis la période romaine les
végétaux à feuilles persistantes, houx, chêne vert ou résineux, symbolisent la
vie éternelle, le renouveau de la vie et la force ; ils ornaient ainsi le
front des vainqueurs.
Le sapin est un symbole
d’éternité païen très ancien. Le missionnaire Saint Colomban, qui érigea en
l’an 590 le monastère de Luxeuil (Vosges du Sud, Haute-Saône), christianisa avec
une croix et de nombreuses lanternes apportées par la population pour
l’illuminer, un vieux sapin, objet d’un ancien culte païen, culte de l’arbre
développé en particulier par les Scandinaves et les Germains.
Décoré de pommes
rouges, le sapin notamment célébré lors du solstice d’hiver était l’arbre du
paradis et on le mentionne en 1510 en Lettonie et en 1521 à Sélestat. C’est en
Alsace et dans les Vosges que semble remonter la pratique d’aller chercher en
forêt un beau sapin pour décorer la ville.
Au XVIIe siècle déjà, les aubergistes de Mulhouse décoraient
leur façade de branches de sapin prélevées dans la forêt voisine du Tannenwald
(délibérations de 1667 et 1680).
Aujourd’hui, l’arbre de
Noël est une façon d’amener une partie de la forêt au cœur des villes pour la
présenter aux urbains. A plusieurs reprises les forestiers comme les
agriculteurs ont aussi su présenter des champs de blé et de petites parcelles
de forêt aux centres des villes comme sur les Champs-Elysées. C’est simplement une bonne communication pour
sensibiliser les citadins à la nature.
L’Association Française
des Eaux et Forêts (AFEF) estime que vouloir supprimer le symbole de l’arbre de
Noël est inutilement punitif, il vaudrait mieux se préoccuper des difficultés
de la filière forêt-bois et de la survie des forêts attaquées par la sécheresse
et certains insectes.
Les forestiers font
partie des plus anciens protecteurs de la nature et véritables écologistes ;
ils sont heureux de pouvoir présenter aux citadins des échantillons de vraie
nature, des confettis de forêt, en attendant qu’ils aient l’occasion de se
ressourcer dans la forêt même. Dans un monde de plus en plus minéralisé et
urbanisé, mettre une touche de vert joyeux avec les arbres de Noël participe à
la communication pour la connaissance et la protection des forêts.
L’Edit de Brunoy de
Philippe VI de Valois en 1346 édictant que les coupes de bois doivent être
réglées de façon à se soutenir perpétuellement pose parfaitement les fondements
de la gestion soutenable, depuis organisée par des aménagements ou des plans de
gestion qui préservent pour l’avenir nos forêts ; la plupart sont
certifiées PEFC.
Quant aux arbres de
Noël, épicéas sapins (blancs ou de Nordmann) ils sont pour l’essentiel plantés
et cultivés hors forêt à cet effet, en milieu agricole (plus de 5 millions par
an). Seuls les quelques rares grands sapins sont prélevés en forêt avec précaution
et sans aucun dommage.
Avec le feu dans la
cheminée réchauffant l’ambiance, l’arbre de Noël est un symbole de joie et de
la magie de Noël mais aussi de lutte de la forêt contre la pollution et le
réchauffement climatique. Pensons à la joie des enfants et ne soyons pas
punitifs.
On ne peut vouloir
utiliser un maximum de bois, matériau renouvelable et écologique essentiel,
dans la construction de nos maisons, dans l’ameublement et dans le chauffage
durable des logements et ignorer naïvement que ce bois provient d’un arbre
coupé. Couper des arbres fait partie du cycle normal dans la nature, comme
récolter son blé, mais à condition de gérer de façon soutenable nos forêts
comme c’est le cas en France.
Le nouveau maire de
Bordeaux a décidé de supprimer le traditionnel arbre de Noël des places de la
ville car « il ne veut pas présenter un arbre mort de Noël». Préfère-t-il ériger un arbre en
plastique ? Ces sapins en plastique polluant sont malheureusement proposés
mais ne sont plus qu’une fausse image de la nature. Ce concept de l’arbre mort
relève de la même vision que ne plus couper une salade. Il lui faut aller plus
loin et interdire aussi les marchés aux légumes fraichement tués et aux fleurs
coupées, ces dernières également preuve d’amour et source de joie... La mort
est pourtant le sort inéluctable de tout être vivant.
Il tente d’argumenter « il
est trop couteux de faire traverser la France et d’ériger ces grands
sapins ». Bordeaux est au cœur de l’Aquitaine, région très forestière, et
refuser l’arbre de Noël est un affront fait à sa Région et à ses habitants. Car
des résineux - sapins, épicéas, douglas,
etc. – existent aussi à bien moindre distance. Solution de repli, si c’est
vraiment un problème de coût, ériger un beau pin maritime d’âge moyen au port
encore conique, serait un sympathique symbole des Landes.
Même les plus petites
communes rurales savent trouver à proximité et à très faible coût leur arbre de
Noël et le mettent en place avec leur service technique pour la joie de leur
population.
L’AFEF estime que s’en
prendre à cet arbre symbole pour le tuer, est triste et bien dérisoire.
AFEF, jmb 12 septembre 2020.